CLÉO ◮ « - que voudriez-vous faire graver sur votre tombe ? - quelque chose de court et de simple, comme : je reviens dans cinq minutes. » (ec)

Seuls les fous m'intéressent. Ceux qui ont la fureur de vivre, de parler. Qui veulent jouir de tout. Qui jamais ne baillent ni ne disent de banalités. Mais qui brûlent, brûlent, brûlent, comme une chandelle dans la nuit.

Sa mère depuis toute petite lui avait donné le surnom de Tinkerbell, disant qu'elle ressemblait tant à la petite fée que s'en était déconcertant. Selon elle, Cléo avait le don de prendre n'importe qui au dépourvu et de rendre tout ce qu'elle croisait cinglé. Avec ses yeux couleur de ciel et ses cheveux tel un soleil, elle aurait pu passer pour un ange si elle n'avait pas eu depuis toujours un caractère très affirmé. « Oh mon dieu, Cléo ! Tes cheveux ! » « Quel est le problème avec mes cheveux ? Oh, tu as remarqué ma nouvelle coupe ! » « Remarqué ?! Il faudrait que je sois aveugle pour ne pas l'avoir vu. On ne peut pas dire que ça passe inaperçu ! » « C'est parfait alors. J'avais envie de quelque chose de complètement différent. Quelque chose d'inattendu ! » « Ça pour être inattendu, ça l'est. Ta mère va en faire une crise cardiaque en te voyant. » Cléo eut en sourire en avisant l'expression choquée de son père. Et malgré sa réaction et la réaction qu'aurait sa mère, elle ne regrettait absolument pas. Elle avait certes agis sur un coup de tête, mais elle assumait ce que sa mère allait voir comme un massacre. De son point de vue, elle ne s'en était pas trop mal sorti. Après tout, elle n'avait rien d'une coiffeuse et avait fait cela en deux minutes. Cela aurait pu être bien pire !
Elle tourna à nouveau son regard vers son père et ils partirent dans un fou rire, alors que celui-ci s'approchait et passait sa main dans ses cheveux, désormais très court. Elle arborait en effet une coupe garçonne qui changeait totalement de son ancienne coupe.
Sa famille s'y était fait avec le temps, à toutes ses excentricités. Remarquant bien qu'elle avait tendance à n'en faire qu'à sa tête, se laissant porter par les évènements et changeant de direction au gré de son humeur. Son côté versatile ne surprenait plus, car ceux la connaissant depuis longtemps étaient habitués à la voir agir telle une girouette, passant d'une activité à une autre sans jamais se lasser. Elle avait tenté toutes les activités possibles et imaginables, passant de la poterie au patinage artistique, et du basket ball à la peinture... Il n'y avait aucune suite logique, elle se contentait de faire ce qui lui plaisait sur le moment sans se poser de questions, ne s'inquiétant guère de l'avenir. Après tout, elle était persuadée que quoi qu'il arrive, elle saurait toujours comment se débrouiller. Et puis, en cas de problème, elle pourrait toujours compter sur sa famille et ses amis. Et autant dire que depuis le temps, elle avait pu tester les limites de leur patience.

A pas feutrés, elle était entrée dans sa chambre. Sans un mot, sans un bruit, c'était à peine si l'on entendait le bruit de ses pas. Dans l'obscurité de la nuit, elle s'était avancée avec l'agilité d'un félin. Elle s'était faite discrète et silencieuse, et approchant ce lit, elle s'était penchée au-dessus d'elle. Son regard clair l'avait détaillé. Elle était allongée, endormie, un air paisible ornant son visage. Norah soupira son nom dans son sommeil, se retourna vers elle, et pourtant Cléo ne bougea pas. Elle resta appuyée contre le bord de ce lit bien trop grand pour une seule personne, à la regarder dormir en s'interrogeant silencieusement sur leur étrange relation. Amie et amante, partageant tout ensemble. Elle n'imaginait pas un seul instant sa vie sans elle. Norah était son autre moitié. Cela l’agaçait profondément quand quelqu'un d'autre tentait de s'accaparer son amie. Elle ne supportait pas que son attention soit détournée d'elle.
Doucement, du bout des doigts, elle vint dégager son front de quelques mèches de cheveux. Son geste se voulait délicat et léger, pourtant Norah ouvrit lentement les yeux, la dévisageant quelques secondes sans qu'aucune trace de surprise ne soit visible. « Tu es donc venu. Je savais bien que j'étais irrésistible et que tu ne pouvais pas te passer de moi. » Cléo eut un sourire amusé face à la satisfaction que Norah montrait. Déposant un léger baiser sur les lèvres de cette dernière, elle n'hésita pas à laisser une main taquine vagabondait sur ses courbes avant de s'éloigner. Son amie se redressa et repoussa ses couvertures, l'invitant à la rejoindre. Cléo ne se fit pas prier longtemps, attirant à elle Norah avant de lui offrir un vrai baiser. « Tu ne peux même pas imaginer Sweetie. » Elle blottit sa tête dans le creux du cou de Norah avant de soupirer. « Tu es vraiment la seule chose intéressante dans cette ville ennuyeuse. Heureusement que je t'ai ! » Oui, Cléo déteste Storybrooke, mais pourtant elle ne s'imagine pas vivre ailleurs. Peut-être parce que les rares personnes qu'elle aime se trouvent là ou peut-être parce qu'elle doute que la vie puisse réellement être plus palpitante ailleurs. Car lorsqu'elle ferme les yeux, elle rêve d'un mer sans fin, d'une île où personne jamais ne vieillit, d'un bateau de pirates et de tant d'autres choses merveilleuses. Cela la fait sourire bien sûr, car tout cela n'existe que dans son imagination, contrairement à Norah qui est bel et bien là dans ses bras. Et qui est son rien de soleil dans cette petite ville sans grand intérêt. Que ne donnerait-elle pas pour vivre la vie d'une fée insouciante qui ne pense qu'à s'amuser ; capable de voler jusqu'à toucher les étoiles, guidant des enfants perdus et ennuyant les pirates.
Si seulement il pouvait y avoir un peu d'action en ville !